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Esquilache (Francisco de Borja y Aragon, prince d’), petit-fils de saint François de Borgia, né à Madrid, selon toute apparence, et d’après le témoignage des contemporains, vers l’année 1580. Ses noms de famille (Borgia et Squillace) disent assez qu’il était d’origine italienne. Il descendait à la fois d’un général des jésuites, d’un pape honteusement célèbre (Alexandre VII) et de la branche royale d’Aragon. Il fut élevé comme un jeune gentilhomme destiné aux grandes places. Son éducation littéraire fut particulièrement soignée. Esprit élégant et facile, de bonne heure il cultiva la poésie et avec succès, car il devait se ressouvenir plus tard, et non sans plaisir, de ses premiers essais, qu’il appelle poétiquement des fleurs de jeunesse : « Flores de su primera juventud. » Il était doué d’un goût très-sûr, et parmi tant de poëtes qui brillaient du plus vif éclat lorsque se révéla son talent poétique, il choisit pour modèle Bartolomé Léonardo de Argensola, le plus correct et le plus sévère, une façon de Boileau espagnol. Un mariage avantageux avec une de ses parentes doubla sa fortune avec ses titres ; et naturellement ce grand seigneur se trouva appelé aux premières charges. En 1614, il fut nommé vice-roi du Pérou et gouverneur général de toutes les provinces attenantes. Il fit son entrée à Lima en décembre 1615. Un vice-roi du Mexique ou du Pérou n’était pas moins qu’un proconsul de l’ancienne Rome. Son gouvernement ne fut marqué par aucun événement mémorable, si l’on excepte la conquête d’une vaste étendue de terrain, dans la région des Maynas, sur le Maragnon par don Diego Vaca de la Vega, fondateur dans le pays conquis d’une ville qui reçut le nom de San Francisco de Borja, en souvenir du vice-roi. Pendant la vice-royauté du prince d’Esquilache, fut aussi découvert le dé-