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Enciso (Bartolomé Lopez de), né à Tendilla, auteur d’un roman-pastorale en vers et en prose dédié à don Luis Enriquez, comte de Melgar. L’ouvrage est en six livres ; il devait y avoir une seconde partie. Heureusement la première seule a paru, et elle est assez mauvaise pour ne pas faire regretter la suite. Enciso était dans sa première jeunesse quand il composa cet insipide roman, absolument dépourvu d’intérêt. Ses bergers et ses bergères sont de fastidieux prédicateurs qui se proposent de démontrer en d’interminables sermons les inconvénients de la jalousie. La scène est sur les bords du Tage. La fiction est monstrueuse, le plan n’a pas le sens commun, et la forme ne vaut rien. Enciso a mis à contribution tous les souvenirs de la mythologie classique. Ses bergers sont fort érudits : ils citent les anciens poëtes grecs et latins. Le roman commence à une époque voisine du déluge et se termine par le récit de plusieurs événements contemporains, c’est-à-dire de la fin du seizième siècle. Cervantes a exécuté comme il faut cet auteur médiocre : le curé, passant en revue les livres de Don Quichotte, fait jeter par la fenêtre le « Desengaño de celos ; » Madrid, 1586, in-8. Cet ouvrage est devenu extrêmement rare. Ticknor attribue à Bartolomé Lope ou Lopez de Enciso une comédie intitulée : « Juan Latino. » Le héros est cet humaniste dont Cervantes a dit un mot en passant dans la pièce de vers de pie quebrado, qui précède la première partie de Don Quichotte. Juan Latino était un Éthiopien, esclave du duc de Sesa, petit-fils de Gonzalve de Cordoue, surnommé le grand capitaine. Af-