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dans l’Université de sa ville natale, et se distingua comme poëte dès sa première jeunesse. Il était, dès l’année 1591, un des membres les plus actifs de la célèbre académie des Nocturnos, qui rivalisait avec les meilleures associations littéraires de l’Italie ; il avait pour amis et pour confrères Tarrega, Aguilar, Rey de Artieda et autres Valenciens qui ont laissé un nom dans l’histoire des lettres espagnoles. Il y a de lui un grand nombre de poésies et de discours dans les mémoires de cette Académie, d’après Ximeno, qui les avait consultés pour compiler sa bibliothèque des auteurs valenciens. Guillen de Castro fut enrôlé dans la milice qui était chargée de défendre les côtes méditerranéennes contre les descentes des Berberisques ; il obtint le grade de capitaine de cavalerie et devint ensuite le favori du comte de Benavente, fastueux vice-roi de Naples, qui l’employa dans son gouvernement. La fortune ne se lassait point de combler Guillen de Castro ; mais ce génie inquiet et remuant s’obstinait à tourner le dos à la fortune. Il eut beaucoup de succès à Madrid et reçut les faveurs des plus grands personnages : le duc d’Osuna et le comte d’Olivarès lui faisaient chacun une forte pension. Mais Guillen de Castro était trop indépendant pour mériter longtemps la bienveillance des hommes en place ; et, sur la fin de ses jours, il était obligé pour vivre de faire des pièces de théâtre. Cervantes en parle comme d’un auteur dramatique très-populaire en 1615. Il était fort en vogue vers 1620. Il fut le collaborateur de Lope de Vega, dans les pièces qui furent jouées lors de la canonisation de saint Isidore ; il remporta même un prix au concours qui s’ouvrit à cette occasion entre les premiers poëtes du temps. Il mourut en 1631, dans une si profonde misère, qu’il fut enterré par charité. En résumé, Guillen de Castro, qui était doué