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Rojas, dans son Viage entretenido (Loa 8, p. 45 verso de l’édition de Lerida, 1611), représente Artieda comme un des réformateurs de l’ancien théâtre :

Las cosas ya ivan mejor;
Hizo entonces Artieda,
Sus encantos de Merlin
Y Lupercio sus tragedias.

Artieda a été loué sans réserve, et de son vivant par Cervantes, dans sa Galatée, et par Lupercio Leonardo de Argensola. Ce dernier a fait un grand éloge du poëte-soldat dans un sonnet qui précède son recueil de discours et épîtres. Le sonnet se termine ainsi :

En tí dos graves Scevolas contemplo,
Uno del justo Marte favorido,
Otro de la que dió su nombre á Athenas.

Complaisance d’ami à part, les deux derniers vers de ce tercet résument bien la vie et les talents d’Artieda ; à la gloire militaire il associa la gloire qui s’acquiert par le culte de la sagesse et des belles-lettres. Artieda représente dans la littérature espagnole un élément bien rare en tout temps et en tous pays : l’inflexible raison et le solide bon sens. Marco Antonio de Aldana a fait aussi l’éloge de Andrés Rey de Artieda, et le grave critique Agustin Montiano y Luyando lui a rendu justice dans sa sévère poétique. Cervantes a bien compris Artieda :

Si tuviera, cual tiene la fortuna,
La dulce poesia varia rueda,
Lijera y mas movible que la luna,
Que ni estuvo, ni está, ni estará queda
En ella sin hacer mudanza alguna,
Pusiera solo á micer Rey de Artieda,