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1631. Comme historien, Bartolomé de Argensola a laissé deux monuments durables : « Historia de la conquista de las Molucas, » Madrid, 1609, in-fol., dédiée à Philippe III, et composée sous les auspices du comte de Lémos alors président du conseil des Indes, — on dirait aujourd’hui, ministre de la marine et des colonies. — C’est un ouvrage agréable, un peu romanesque, et qui a tout l’attrait d’une œuvre d’imagination, malgré le genre et le cadre classique, qui étaient alors obligatoires. Le style en est très-fleuri et très-pur. L’autre ouvrage historique d’Argensola, c’est la continuation des annales d’Aragon, par Zurita, en un énorme volume (Zaragoza, 1630, in-fol.). Cette suite va jusqu’à l’année 1520. Le style est remarquable par sa correction ; mais le continuateur a abusé des documents qui étaient à sa disposition ; de telle sorte que son récit est extrêmement prolixe. Nous ne dirons rien des fragments de sa correspondance : Mayans a réuni quelques lettres de notre poëte dans son recueil épistolaire (Cartas de varios autores españoles, Valence, 1773, 5 vol. in-12). Pour Bartolomé de Argensola, la poésie n’était qu’un délassement, un agréable passe-temps. Il était poëte à ses heures, et son bagage poétique est très-léger ; mais ce génie correct et classique avait un goût exquis et le sentiment de l’harmonie. Son modèle était Horace, qu’il imitait avec bonheur. On admire surtout dans son recueil de vers, un sonnet à un rêve, un autre sonnet sur la Providence, une ode à l’Église, après la bataille de Lépante, et d’excellentes épîtres satiriques. Bartolomé de Argensola était, ainsi que son frère, un adversaire de l’ancien théâtre national. — « Rimas » (Saragosse, 1634, in-4).


Argensola (Lupercio Leonardo de), né à Bar-