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qui l’a adopté. M. Gayangos admire grandement la poésie d’Arbolanches dans cette partie, et affirme que ses vers de tous genres et de toute mesure ne le cèdent en rien aux plus beaux de Jorge de Montemayor. Si tout ce qu’il n’a pu citer ressemble aux trois échantillons qu’il a produits à l’appui de son jugement, cette pastorale n’est pas en effet méprisable ; mais je crains fort que M. Gayangos, amoureux de son exemplaire de « las Havidas » à cause de sa rareté, n’ait beaucoup exagéré le mérite du poëte navarrois. Le volume d’Arbolanches est un petit in-8. On y trouve une épître dédicatoire en tercets à une dame, et une pièce de circonstance, adressée à l’auteur par un ancien professeur.


Argensola (Bartolomé Juan Leonardo de), né à Barbastro, en Aragon, en 1566, un an et demi environ après son frère Lupercio. Il fut, comme ce dernier, plus connu sous le nom de sa mère, doña Aldonza de Argensola, d’une noble famille catalane. Le père de ces deux célèbres écrivains et poëtes, Juan Leonardo, secrétaire de l’empereur Maximilien d’Autriche, était originaire de Ravenne. Bartolomé Argensola fut de bonne heure destiné à la carrière ecclésiastique et élevé en conséquence. Il étudia successivement les humanités, la philosophie et le droit canonique, avec beaucoup de distinction. Ayant reçu les ordres, il obtint, par la protection du duc de Villahermosa, un riche bénéfice dans sa province. Bientôt après il se rendit à Madrid, et fut nommé chapelain de l’impératrice douairière d’Autriche, retirée dans un couvent et qui avait déjà à son service, en qualité de secrétaire, le frère aîné Lupercio. Après la mort de l’impératrice, il alla habiter Valladolid où résidait alors la cour. Il y fut retenu par un ami tout-puissant, qui se dé-