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faits de guerre, les fables et les traditions chevaleresques, la pastorale et l’églogue. Il était très-sévère dans ses jugements sur les productions de son esprit, et plus d’une fois il jeta au feu quantité de vers qui lui avaient coûté beaucoup de veilles. Mort en 1578. On n’a de lui qu’un petit recueil de pièces d’une rare perfection : « Las obras que se han podido hallar del capitan Francisco de Aldana, » Madrid 1593. On y remarque entre autres, une admirable épître adressée au grand orientaliste et célèbre théologien Arias Montano, le savant éditeur de la Bible polyglotte d’Anvers, et une exhortation à Philippe II pour l’engager à secourir l’Église affligée et menacée de toutes parts par les hérétiques et les infidèles. Tout ce qu’on sait du capitaine Aldana est extrait de la courte introduction qui précède le recueil de ses œuvres. L’éditeur de ce recueil n’était autre que son propre frère, Cosme de Aldana, esprit distingué et bon poëte. Cosme de Aldana était dans la domesticité du connétable Velasco, gouverneur du Milanais. Le serviteur louait le maître en vers et en prose ; mais le maître n’était point généreux ; et comme il prévoyait que tôt ou tard il faudrait récompenser cet opiniâtre panégyriste : « Trêve de compliments, lui dit-il un jour ; vous n’êtes qu’un âne, » Dejad ya la porfia, que sois un asno. Le poëte éconduit ne pouvait demander satisfaction à un si haut personnage. Il se vengea à sa manière, par un poëme burlesque, intitulé : « La Asneida ; » et dans ce récit, où il n’était question que d’âneries, le connétable de Velasco jouait le plus triste rôle. Mais la mort du poëte suivit de près la publication du poëme, et le vindicatif connétable fit brûler tous les exemplaires. On n’a connaissance de cette œuvre perdue que par ce qu’en dit Suarez de Figueroa dans un passage