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« Que le plus pauvre des poëtes, à moins qu’il n’appartienne à la catégorie des Adam et des Mathusalem, puisse dire qu’il est amoureux, bien qu’il ne le soit pas, et transformer le nom de sa dame selon son bon plaisir, l’appelant tantôt Amaryllis, tantôt Anarda, tantôt Chloris, tantôt Philis ou Philida, ou bien encore Juana Tellez, ou tout autrement, sans que nul ait le droit de lui en demander raison.

« On ordonne, de plus, que tout poëte, n’importe son rang et sa qualité, soit tenu pour bon gentilhomme, eu égard à la noblesse de sa profession, de même que les enfants trouvés sont tenus pour vieux chrétiens.

« On avertit en outre les poëtes de ne point se hasarder à faire des vers en l’honneur des princes et des grands, ma volonté étant définitivement que la flatterie et l’adulation ne franchissent point le seuil de ma maison.

« Que tout poëte comique auteur de trois bonnes comédies représentées, ait ses franches entrées au théâtre, sauf à payer les droits de charité à la seconde porte ; avec dispense de ces droits, s’il est possible.

« On prévient les poëtes que, lorsque l’un d’eux veut faire imprimer quelque ouvrage de sa façon, il est bien entendu que ledit ouvrage n’en vaudra pas mieux pour être dédié à un Mécène quelconque ; s’il n’est pas bon, la dédicace ne le rendra pas meilleur, le Mécène fût-il le prieur de Guadalupe.

« Que nul parmi les poëtes ne s’avise de