Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

APPENDICE.

Quelques jours de repos ayant dissipé la fatigue d’un si long voyage, je me risquai dehors, désireux de voir et d’être vu, et prêt à recevoir les compliments de mes amis et les regards de travers de mes ennemis. Je ne crois pas, à vrai dire, en avoir un seul ; mais je ne suis pas toutefois bien sûr de n’être pas dans la règle commune.

Il advint donc qu’un matin, comme je sortais du couvent d’Atocha, je vis s’avancer vers moi un jeune homme d’environ vingt-quatre ans, à juger de son âge par les apparences ; fort proprement vêtu et fort élégamment. Ses habits faisaient entendre le craquement de la soie. Il portait un col tellement empesé et de si grande dimension, qu’il me sembla que les épaules d’un nouvel Atlas pouvaient seules le soutenir. Deux manchettes de la même famille, fort plates, partaient du poignet et montaient ou grimpaient le long des os de l’avant-bras, d’un tel élan, qu’on aurait dit qu’elles allaient livrer assaut à la barbe. Je n’ai jamais vu de lierre aussi impatient de s’élever du pied du mur qui lui sert d’appui jusqu’aux combles ; ces deux manchettes n’étaient pas moins empressées d’aller faire le coup de