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XVIII

la voile. Le P. Gil, un des frères rédempteurs, fut touché de son infortune, et sa compassion fut si active qu’il le rendit à la liberté, moyennant cinq cents écus d’or d’Espagne, le 19 septembre de la même année. Muni des attestations les plus flatteuses sur sa conduite, il partit vers la fin de 1500, heureux de ressentir « une des plus grandes joies que l’on puisse avoir dans cette vie, qui est de revoir sa patrie sain et sauf, après une longue captivité. » Il était libre, mais sans ressources, et il fallait songer à sa famille, qui pour lui s’était ruinée. Cervantes n’hésita point, il reprit la profession des armes.

IV

Engagé comme volontaire dans l’armée de Portugal, dont le duc d’Albe venait d’achever la conquête, il fit, avec son frère Rodrigo, la campagne des Azores, sous le commandement du célèbre don Alvaro de Bazan, premier marquis de Sainte-Croix, qu’il appelle « un foudre de guerre, le père des soldats, le capitaine fortuné et jamais vaincu. »

De 1581 jusqu’en 1583, il resta au service, et se distingua, comme toujours, par une conduite sans reproche. Il profitait des loisirs que lui laissait la guerre pour cultiver les lettres. Il se familiarisa avec les écrivains portugais. Admis dans la belle société de Lisbonne, il s’y fit remarquer par son esprit