Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 86 —

je t’en demande une maintenant que tu peux m’accorder sans en devenir moins riche. Un bruit sinistre annonce la superbe, la perversité et le dessein hardi de cette foule méprisable. Donne-moi des accents conformes au sujet, une plume légère et déliée, exempte de passion et de partialité ; afin que je puisse, avec toute la nouveauté d’un sentiment sincère, en toute franchise et sans faillir à la vérité, raconter les mouvements opposés des deux bandes ennemies, qui, bouillantes de colère, déploient leurs bannières au souffle du vent.

La bande orthodoxe, voyant les nombreuses cohortes de l’ennemi, groupées au pied de la montagne et prêtes à escalader les hautes cimes ; d’un pas rapide et en bon ordre, couronne la montagne et se présente de pied ferme à la furie de ces insensés. On calcule les chances, et les combattants pleins d’ardeur, se disposent à l’assaut, avides de vengeance et de gloire. Transporté de fureur et d’impatience, Apollon donna ordre de lever, sans délai, son étendard. L’étendard fut déployé par un marquis, dont la prestance rappelle naturellement et sans artifice, le dieu de la guerre ; célèbre poëte et d’un mérite rare, dont l’assistance augmente la gloire, la valeur et le contentement du souverain Apollon. La bannière représentait un beau cygne blanc, si vivement imité par la peinture, qu’on aurait dit qu’il remplissait l’air agité de ses cris joyeux. Derrière l’étendard, se dressent les dra-