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XVII

seraient beaucoup plus que mes aventures ; mais, je le répète, cela m’entraînerait trop loin[1]. »

Et en effet, le savant et consciencieux auteur de l’Histoire d’Alger, le P. Haedo, remarque qu’on pourrait faire une histoire à part de toutes ces entreprises si hardies, dont Cervantes lui-même a dit avec orgueil « qu’on s’en souviendrait longtemps chez les infidèles. »

Pendant que Cervantes s’exposait à la mort pour revenir à la liberté, son père mettait tout en œuvre pour la lui rendre, et il avait pris des mesures efficaces pour l’obtenir, lorsque la mort vint lui ravir cette consolation. Sa veuve et sa fille poursuivirent ce qu’il avait si bien commencé ; elles s’imposèrent de grands sacrifices, et le 31 juillet 1579, elles remirent, pour la rançon du captif, trois cents ducats aux frères de la Merci.

Ceux-ci arrivèrent à Alger le 29 mai 1580. et s’occupèrent aussitôt du rachat de Cervantes ; mais ils rencontrèrent des difficultés imprévues et eurent beaucoup de peine à l’obtenir.

Son maître, dont le gouvernement était expiré, allait partir pour Constantinople et avait résolu d’emmener son esclave. Il exigeait mille écus pour sa rançon. Cervantes, chargé de fers et résigné à son malheureux sort, était déjà sur le vaisseau prêt à mettre à

  1. Don Quichotte, Ire partie, chap. xl, tome I, pages 268–9, de la traduction de M. Furne.