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d’atteindre la taille d’un géant. Elle ne cesse pas de croître, parce qu’elle n’ose trop aborder des entreprises capables de mettre ses plus belles qualités en évidence. N’as-tu point entendu parler des arcs, des amphithéâtres, des temples, des bains, des thermes, des portiques, des murailles merveilleuses, de ces admirables monuments qui demeurent encore debout, ou dont les restes, en dépit des injures des siècles, bravent le temps et la mort ? » — « Pour moi, répondis-je, il n’est point une de ces merveilles, dont tu parles, qui ne soit fortement clouée et rivée dans ma mémoire. Je me rappelle le tombeau de la belle veuve, et tout auprès, le colosse de Rhodes, avec la lanterne qui servait d’étoile. Mais allons au fait ; et sachons quelle est cette femme. » — « Tu le sauras tout à l’heure, » répondit la voix, en baissant le ton. Et reprenant : « Si tu n’étais pas aveugle, tu saurais dès à présent quelle est cette dame ; mais qu’y faire ? tu es un génie laïque. Cette femme qui se hisse jusqu’au ciel, enceinte, on ne sait comment, du vent, est la fille du désir et de la renommée. C’est par elle et par son influence, que le monde a vu, non pas sept, mais cent merveilles. Le nombre cent est bien chétif ; quand je dirais cent mille et encore plus de millions, ne pense pas que le chiffre serait exagéré. C’est elle qui a mené à bonne fin ces mémorables édifices qui reposent par leur base sur le sol, et s’élèvent jusqu’aux nues. C’est elle qui maintes fois a soulevé la