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tesque en apparence, mais bien prise dans sa haute stature. Vue de loin elle en paraissait plus belle ; si on la regardait de près, sa beauté semblait s’amoindrir. Frappé d’admiration, au comble de l’étonnement, je fixai sur elle mes regards et j’observai en elle ce que je chante en mes vers si pâles. Je n’oserais affirmer qu’elle était vierge, bien que j’aie commencé par là ; ce problème défie l’œil le plus perçant. En général elles sont dépourvues de preuves, les appréciations malignes qui font juger brisé le vase sans fêlure. Ses yeux, fiers et tendres à la fois, avaient un doux regard qui les rendait extrêmement beaux. Soit artifice, soit habitude, ils brillaient tantôt d’un vif éclat, et tantôt tempéraient la vivacité de leurs rayons.

À ses côtés se tenaient deux nymphes, si gentilles et si charmantes à voir, qu’elles ravissaient l’âme des spectateurs. En présence de la dame assise sur le trône élevé, elles laissaient couler de leurs lèvres des paroles d’une douceur incomparable, mais dépourvues de science. Elles portaient jusqu’aux nues leurs titres de noblesse, qui n’étaient rien ou presque rien, comme tout ce qui est inscrit sur les tablettes de l’oubli.

Pendant qu’elles gazouillaient doucement, au milieu de leurs raisonnements pleins de convenance, la dame du trône, dont la beauté ne connut jamais de rivale, se dressa sur ses pieds, et en un moment, il me sembla que sa tête s’élevait bien au-dessus des nuages ;