Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
XII

et de Terranova, alors vice-roi d’Italie. Avec le crédit de ces puissants protecteurs, il se flattait de pouvoir jouir dans sa patrie d’un repos honorable et d’obtenir à la cour du monarque la récompense de ses services.

III

Vain espoir ! Au moment où il rêvait une existence paisible, la liberté lui fut ravie. Le 26 septembre 1575, la galère qui le ramenait en Espagne fut surprise, à la hauteur des îles Baléares, par une escadrille de corsaires africains, commandée par l’Arnaute Mami. Cervantes et les autres passagers de la galère se défendirent avec un courage héroïque ; mais il fallut céder au nombre, et les pirates, avec leur proie, reprirent le chemin d’Alger. Aussitôt arrivés, leur premier soin fut de se partager le butin et les esclaves.

Cervantes échut en partage à Dali-Mami, renégat avare et cruel, qui le fit tout d’abord enchaîner, ne lui épargnant pas les mauvais traitements, et espérant, par ses rigueurs, le forcer à se racheter au plus vite. Il comptait en obtenir une forte rançon ; car les papiers qu’il avait trouvés sur son prisonnier lui donnaient lieu de croire qu’il tenait en son pouvoir un personnage d’importance. Ce fut alors que Cervantes montra toutes les ressources de son esprit et les nobles qualités de son cœur.