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son d’or, n’était pas aussi brillant, ni aussi riche d’ornements.

Il entrait dans le port au moment où la belle Aurore, à la chevelure assouplie et respirant l’amour, sortait par les portes de l’orient. Une grande explosion se fit entendre ; c’était le salut de la galère royale, qui réveilla la foule en sursaut. Le son des clairons remplissait le rivage d’une divine harmonie, et les rameurs faisaient éclater leur joie bruyante. Cependant les heures avançaient la journée, et la lumière devenue plus intense permit de voir plus nettement la construction superbe du grand navire. Il jette l’ancre et s’arrête dans le port, et sur la mer tranquille il lance un large canot, au milieu de la musique et des clameurs joyeuses. Les matelots, suivant l’usage, couvrent la poupe de riches tapis, dont la trame n’est qu’or et soie. Ils touchent enfin au rivage, et du brillant canot s’élance un beau cavalier, porté sur les épaules de quatre galants compagnons.

À son costume et à la sévérité de son maintien, je reconnus aussitôt le portrait vivant de Mercure, messager des dieux de la fable. Belle taille et prestance semblable, pieds ailés, et le caducée, symbole de prudence et de sagesse. J’aperçois enfin ce même jouvenceau qui, du haut des célestes demeures, apporta tant de faux messages à la terre.

Je l’aperçus, et à peine ses pieds ailés avaient-ils touché le sable trop heureux d’être foulé par un dieu, lorsque, roulant cent mille idées dans mon imagination, je vins