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CLXXIII

encore, dont le nom m’échappe, avaient célébré les gloires littéraires de leur siècle. Vicente Espinel n’a pas oublié les plus remarquables écrivains de son temps dans les deux chants de son Temple de mémoire (Casa de la memoria). Nombre de prosateurs et de poëtes sont aussi censurés ou cités avec éloge dans les trois remarquables épîtres du sévillan Juan de la Cueva sur l’art poétique (Éjemplar poético).

Mais aucun de ces ouvrages n’a rien de commun avec celui de Cervantes, sauf le dernier, où la satire trouve place à côté de la louange. Mais le poëme de Juan de la Cueva est essentiellement didactique ; tandis que le Voyage au Parnasse est une véritable satire littéraire où la critique domine, tempérée par la plaisanterie.

Le Voyage au Parnasse ne peut être comparé non plus aux poëmes burlesques les plus célèbres dans la littérature espagnole : l’Orlando, de Quevedo ; la Mosquea, de José de Villaviciosa ; la Burromaquía, de Gabriel Alvarez de Toledo ; la Gatomaquia, de Lope de Vega ; la Proserpina, de Pedro Silvestre del Campo. Il y a bien quelques pièces de vers satiriques qui ont quelque parenté avec ce poëme, par exemple quelques boutades spirituelles de Quevedo et quelques épîtres de Hurtado de Mendoza. Mais c’est tout.

En réalité, je ne trouve guère parmi les contemporains de Cervantes que deux auteurs qui, sans avoir adopté la même forme, aient poursuivi le même but ; ce sont préci-