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CLXXII

le cachet de ce génie sans pareil ; et partout circule cette verve comique qui se distingue de celle de Molière par la causticité, c’est-à-dire par ce mordant qui caractérise l’esprit espagnol.

Le supplément en prose, faisant suite au poëme, soutient la comparaison avec les pages les plus brillantes des Nouvelles et de Don Quichotte. C’est tout ce que l’on peut dire pour louer dignement ce morceau.

Il est à peine nécessaire de remarquer que Boileau, lecteur assidu de Cervantes, s’est souvenu en composant son Lutrin de cette bataille entre poëtes, qui échangent des livres en guise de projectiles. Nous nous dispensons aussi de comparer le Voyage au Parnasse de Cervantes avec d’autres ouvrages du même genre. Il suffit de savoir que l’histoire littéraire n’était pas tout à fait oubliée dans la poésie dans le beau siècle de la littérature espagnole.

Juan Boscan, dans des stances imitées de Bembo, Gregorio Hernandez de Velasco, dans sa traduction de l’Enfantement de la Vierge, poëme de Sannazar, Christoval de Mesa, à la fin de son poëme sur la Restauration de l’Espagne, Luis Zapata, dans son Carlos famoso, Montemayor, dans le chant d’Orphée de sa Diane, Gil Polo, dans le chant du Turia de la Diane amoureuse, Cervantes lui-même, dans le chant de Calliope de sa Galatèe, Lope de Vega, dans sa Jérusalem et dans le récit des fêtes poétiques, en l’honneur de saint Isidore (justa poética), d’autres