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CLXII

prenant au besoin le ton de la conversation ordinaire, et répandant à profusion, mais non sans discernement, ces maximes devenues proverbes, qui ont consacré à jamais la sagesse de Sancho Panza.

Les difficultés du poëme ne sont point dans la versification, qui est facile ; mais dans les nombreuses allusions qu’on y trouve et dont la plupart échappent à l’interprétation. Mais, de même que dans le Don Quichotte, ces allusions ne troublent pas le courant du récit ; et on peut les négliger sans inconvénient.

Le Voyage au Parnasse est en huit chapitres, de trois à quatre cents vers chacun. L’appendice est en prose, et de la meilleure ; il résume excellemment l’esprit et les tendances de cette ingénieuse satire littéraire.

Le dessein de l’auteur est visible tout d’abord dans le sonnet qui précède le voyage. On y tourne en ridicule la manie des faiseurs de livres qui vont mendier des éloges en vers et en prose pour recommander leurs ouvrages au public. On sait avec quelle verve il s’était moqué dans la préface de la première partie de Don Quichotte de cette maladie des gens de lettres, toujours en quête de censeurs complaisants ou de protecteurs en crédit.

L’intention du poëte est encore plus nettement indiquée dans cet avis au lecteur, si substantiel dans sa brièveté. Le lecteur est averti et très-finement, de ne pas prendre trop au sérieux les louanges prodiguées aux prosateurs et poëtes nommés dans le Voyage.