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CLIX

rable dédicace, écrite au lendemain du jour où il avait reçu l’extrême onction. Ainsi, les plus belles productions de ce rare esprit appartiennent à la dernière période de sa vie et sont le fruit de ses dernières méditations.

III

Le Voyage au Parnasse peut être considéré comme un intermède dans la carrière littéraire de Cervantes. C’est le seul poëme de longue haleine qu’il ait produit, malgré l’inclination irrésistible qui l’entraîna de bonne heure à rimer. On sait qu’il a parsemé de vers la plupart de ses écrits : la Galatée, Don Quichotte, les Nouvelles, Persilès. Il en a fait de mauvais, beaucoup de médiocres. Mais dans la masse il y en a de bons et même d’excellents. Il ne s’agit que de choisir, car Cervantes, en proie à une véritable métromanie, a eu ses jours de bonne veine, et Sedano a fait dans ses écrits un choix de poésies de tous genres qui tiennent très-bien leur rang à côté des meilleures de son recueil.

Il ne faut donc pas se hâter de condamner en bloc les vers de Cervantes, comme on s’accorde à condamner ceux de Cicéron. Il suffit de se rappeler que Cervantes était un grand poëte en prose, et que c’est la supériorité de sa prose qui a nui au succès de ses essais poétiques. Ajoutons que dans ces