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CLVIII

l’indifférence dans le doute, et loin de suivre le conseil de cet ennemi qui lui reprochait une excessive activité intellectuelle, il marqua chacune de ses dernières années par un nouveau chef-d’œuvre[1]. Le Voyage au Parnasse est de la fin de 1614 ; il parut peu de temps après l’insipide rapsodie d’Avellaneda : les Comédies et intermèdes sont de 1615, les Nouvelles de 1613 ; la seconde partie de Don Quichotte fut sa dernière publication. Cervantes travaillait à trois ouvrages d’imagination, lorsque la mort l’enleva : la seconde partie de Galatée, las Semanas del Jardin et le roman de Persilès. On sait, par la préface de ce roman, qui est une scène du plus haut comique, que la maladie l’avait frappé mortellement, lorsqu’il la composa ; et quiconque a quelque connaissance de la littérature espagnole, a lu cette admi-

  1. Nous reproduisons le passage de la préface d’Avellaneda qui nous paraît résumer la situation morale de Cervantes sur son déclin : « Y pues Miguel de Cervantes es va de viejo como el Castillo de San Cervantes, y por los años tan mal contentadizo, que todo y todos le enfadan, y por ello está tan falto de amigos, que quando quisiera adornar sus libros con sonetos campanudos, habia de ahijarlos, cómo él dice, al preste Juan de las Indias ó al emperador de Trapizonda, por no hallar titulo quizas en España que no se ofendiera de que tomara su nombre en la boca, con permitir tantos vayan los suy os en los principios de los libros del autor de quien murmura, y ¡plegne á Dios aun deje, ahora que se ha acogido á la Iglesia y sagrado! Conténtese con su Galatea y comedias en prosa; que eso son las mas de sus novelas: no nos canse » p. 2 (édit. Rivadeneyra).