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humeur chagrine, et tout en faisant de misérables jeux de mots, il l’accable des autorités des théologiens, des pères de l’Église et des apôtres : saint Thomas, saint Jean de Damas, saint Grégoire, saint Paul, en l’accusant de jalousie et d’envie.

Toutes ces citations mettent le cachet aux invectives du pseudonyme et trahissent le scolastique, le moine implacable dans ses rancunes, le dominicain fanatique et intolérant qui, suivant l’usage autorisé par la procédure de l’inquisition, prend un masque et un nom d’emprunt pour calomnier à l’aise son ennemi et donner sans péril satisfaction à sa haine. Tout cela sous le vain prétexte de défendre Lope de Vega. Et plaise à Dieu, ajoute ce furibond, qu’il cesse de le harceler, maintenant qu’il a cherché un refuge dans l’Église, y ¡plegue á Dios aun deje, ahora que se ha acogido á la Iglesia y Sagrado! La phrase, vicieusement construite, présente un double sens ; elle est amphibologique, et l’on ne sait au juste si c’est Lope de Vega qui s’est réfugié sous l’aile tutélaire de l’Église, ou bien Cervantes.

Pour moi, je crois que c’est bien ce dernier que le pseudonyme a voulu désigner. D’abord, il a déjà parlé de Lope de Vega comme d’un membre du Saint-Office ; de sorte que rappeler son caractère d’inquisiteur était tout au moins une répétition inutile. Ensuite il a fait de Cervantes un portrait très-peu flatté, le représentant comme un vieillard chagrin et morose, mécontent de