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CXLVI

La poétique de Lope de Vega, très-ressemblante, en plusieurs points, à celle dont nous avons présenté un résumé dans les premières pages de cette étude, la poétique de Lope de Vega parut en 1602. Il faut la connaître, pour saisir toutes les intentions et les finesses de la virulente critique du théâtre espagnol, que Cervantes a faite de main de maître, par la bouche du chanoine de Tolède (Don Quichotte, Ire partie, ch. xlviii). Remarquons, à ce propos, que toutes les fois qu’il s’agit d’une de ces exécutions capitales, qu’on appelle aujourd’hui des éreintements, en argot littéraire, Cervantes fait intervenir un homme d’église : c’est le curé qui condamne au feu les livres de Don Quichotte ; et c’est un chanoine qui, après avoir signalé la pernicieuse influence d’un théâtre qui corrompt à la fois l’esprit et les mœurs, propose de créer un comité de censure pour les pièces dramatiques, ou du moins de les soumettre avant la représentation à un juge compétent, por el riguroso examen de quien lo entiende. Cette critique du théâtre contemporain est reprise et, s’il est possible, plus vigoureusement accentuée, dans la préface des Comédies et intermèdes, qui est une des plus belles et des plus curieuses pages de l’histoire littéraire de l’Espagne.

La critique de Cervantes portait sur tous les genres de littérature, et même sur les plus modestes. Lorsque Don Quichotte fait sa tournée dans une grande imprimerie de Barcelone (IIe part., ch. lxii), l’auteur profite de