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CXLV

ni réputation ni argent, parce que l’usage est plus fort que la raison. Il convient que le vulgaire ne se plaît qu’aux pièces absurdes, et il prétend qu’on doit le servir selon ses goûts, puisqu’on le fait payer. Il faut être barbare pour complaire au public :

Yo escribo por el arte que inventaron
Los que el vulgar aplauso pretenclieron;
Porque, como las paga el vulgo, es justo
Habiarie ennecio para darle gusto.

Avec cette belle théorie, et fort de sa popularité, Lope de Vega ne considère que le succès, et tout en confessant que ses pièces de théâtre, sauf cinq ou six, sont des compositions monstrueuses, il en accepte la responsabilité, « car, dit-il, les œuvres qui pèchent contre la justesse peuvent plaire par cela même » :

Porque fuera de seis, las demás todas
Pecaron contra el arte gravemente.
Sustento, en fin, lo que escribí, y conozco
Que aunque fueran mejor, de otra manera,
No tuvieran el gusto que han tenido,
Porque á veces lo que es contra lo justo
Por la misma razon deleita el gusto.

Enfin Lope de Vega reconnaît la toute-puissance du parterre, la suprême autorité du peuple, qui était en effet, en Espagne, le maître au théâtre, comme il l’était au cirque sous les empereurs romains,

Y que es forzoso
Que el vulgo con sus leyes establezca
La vil quimera deste monstro cómico.