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CXXXII

chaleur et de lumière, et à demi engourdie elle resta dans le crépuscule. Le seizième siècle écoulé, elle retomba fatalement dans les ténèbres et la torpeur. Les congrégations et corporations religieuses dominaient dans les Universités, et l’esprit de rénovation et de réforme eut à peine le temps de se manifester par quelques tentatives impuissantes. La scolastique menacée par la science, s’affermit sur son trône et reprit toute son autorité sous la protection du Saint-Office, et en même temps que le pouvoir ecclésiastique étendait au loin son domaine et organisait une sorte d’autocratie religieuse, la théologie du moyen âge régnait sans rivale dans les écoles et domptait tous les esprits.

Le génie scientifique qui s’était affirmé avec tant d’éclat en plein treizième siècle, sous le règne d’Alphonse le Sage, le génie scientifique ne fit que se montrer en Espagne au seizième siècle, et il n’a laissé sa trace que dans des travaux très-remarquables de forte érudition. Le génie critique fut promptement étouffé, et l’inquisition mit un frein à la curiosité des linguistes et des investigateurs, en les condamnant à des recherches stériles. Les grammairiens et les humanistes étaient persécutés pour si peu qu’ils fussent enclins à mettre le savoir acquis au service de la raison : il suffit de citer Antonio de Lebrija, le restaurateur des bonnes études en Espagne, sauvé à grand’peine par le tout-puissant cardinal Ximénès, et à la fin du seizième siècle, Francisco Sanchez de las