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Si Cervantes eût été sous la haute surveillance de l’Inquisition, ainsi que l’insinue le nouveau commentateur, il y a grande apparence que la censure théologique aurait condamné beaucoup d’autres passages de ses écrits. Il est probable que Cervantes fut de son vivant l’objet d’une de ces persécutions sourdes, telles que savent les organiser la haine et l’envie ; et il n’est pas permis aujourd’hui de mettre en doute la malveillance active de Blanco de Paz et du P. Aliaga, tous les deux de l’ordre de Saint-Dominique, ennemis implacables et dangereux. M. Benjumea, pièces en main, a démontré jusqu’à l’évidence l’animosité du premier. Mais en ajoutant à des données irrécusables des conjectures qui tendent visiblement à fortifier son système, il a bâti un roman ; et tout entier aux intrigues de cet aventurier dont la haine avait éclaté à Alger, durant la captivité de Cervantes, il laisse dans l’ombre le P. Aliaga, favori du duc de Lerme, confesseur de Philippe III, inquisiteur général, et auteur supposé de cette misérable continuation de don Quichotte, qui parut sous le pseudonyme du licencié Alonso Fernandez de Avellaneda, natif de Tordesillas.

M. Benjumea se met en contradiction avec les critiques espagnols les plus autorisés, en attribuant cette méchante production à Blanco de Paz ; car on s’accorde généralement à en faire honneur au P. Luis de Aliaga. On sait maintenant, par des témoignages contemporains, et particulièrement