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CX

Mais à l’antiquité grecque et latine succéda la barbarie qui régna en Occident durant le moyen âge, et dont toute trace n’est pas encore effacée dans les lettres, malgré le formidable mouvement de réaction qui date de la Renaissance. Celle-ci rétablit l’ordre et la discipline dans les conceptions de l’esprit, et, rallumant le flambeau de l’intelligence au foyer du génie grec, elle dissipa les ténèbres d’une période de violence et d’anarchie. Le bienfait fut grand, et il ne sera jamais assez apprécié. Sans la résurrection de l’antique civilisation et de l’ancienne littérature, où en serait aujourd’hui notre monde occidental ? Les barbares seraient peut-être encore les maîtres, et il ne serait probablement pas permis aujourd’hui de protester contre eux au nom de la raison.

La barbarie était le symbole de la force brutale et l’implacable ennemie de toute organisation : dans l’ordre social, elle ne comprenait point l’association de la liberté et de la justice, fondement de toute société civilisée, ni l’accord de l’activité créatrice et de la faculté de coordination qui enfante les belles œuvres, dans l’ordre intellectuel. Certes, la matière, pour emprunter le langage de la philosophie scolastique, ne manquait point au moyen âge ; mais la forme lui manquait absolument. Il faut méditer le précepte du poëte :

Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques.

Il est profond autant que vrai. L’invention