Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CVIII

dépravées. Il en est de ces faux principes comme de la bifurcation de la morale.

Ce rapprochement est bien naturel : le sens moral et le sens commun sont étroitement unis ; la corruption du goût contribue puissamment au triomphe des sophistes. Un penseur original de notre temps l’a démontré par une suite d’exemples sans réplique, dans un essai de critique intitulé : De l’influence de l’élément féminin sur la littérature contemporaine. Remontant à la source de ce courant impur qui infecte la littérature depuis J. J. Rousseau, il a brutalement mis a nu l’incurable faiblesse et l’impuissance absolue de ces prétendus novateurs, qui se donnent pour les représentants du progrès et de l’avenir. L’avertissement ne les a pas rendus plus sages ; et, en attendant une correction exemplaire de la même main, ils édictent des lois et les codifient.

Quoiqu’il soit malaisé de concevoir que la déraison ait un code et invoque des principes, on peut admettre, à la rigueur, une pareille inconséquence : les faiseurs de systèmes dans tous les genres usent largement de cette logique, si bien nommée de l’absurde. Les anciens avaient très-bien distingué une fausse science, qu’ils nommaient sophistique. À force de subtilités, les sophistes dénaturaient le vrai, rendaient le faux vraisemblable, et abusaient ingénieusement les ignorants et les simples ; encore restaient-ils dans le domaine de l’abstraction et de la spéculation pure, et se bornaient-ils à philosopher de