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CII

la force des choses, roulés dans le tourbillon et entraînés dans le courant du siècle, ces songe-creux, cherchant par instinct ou par nécessité le positif et le solide, et dissimulant leur infériorité réelle sous de fallacieuses apparences, ont imaginé d’utiliser une préparation intellectuelle qui n’est applicable à rien de consistant ; et dans leur orgueilleuse impuissance, ils ont pris ou cru prendre possession d’un double domaine : le jugement et la conscience.

On tient l’homme tout entier quand on est maître de ces deux provinces, à la condition pourtant de posséder la science, c’est-à-dire la connaissance de la réalité et des lois qui la gouvernent, car hors de là tout le reste est vanité.

Nos novateurs le savent très-bien, et pour masquer leur incurable faiblesse et mieux abuser ce public imbécile qui se laisse prendre à l’amorce, ils s’enfarinent de science, inventent au besoin une science idéale, et s’il le faut, ils se résignent à tendre la main aux disciples fanatiques et bornés de ce maître fou qui prétendait régenter le monde avec son système théocratique de philosophie positive.

Tels sont, en peu de mots, les apôtres de l’ère nouvelle, les réformateurs encyclopédiques, les rénovateurs de la critique et de l’histoire, les charlatans qui nous vendent la sagesse, qui font argent de leur sottise et de l’ineptie de leurs dupes. Ces révélateurs se font payer cher, très-cher, et c’est par là