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C

rités dont la puissance repose sur la base inébranlable du bon sens.

Le génie gaulois est si mesquin, et l’esprit français si superficiel ! C’est en Germanie qu’il faut chercher des règles de goût et en Angleterre des modèles. Cette pauvre critique littéraire languissait en France, elle se mourait ; mais la réforme lui infuse un sang plus vital et la voilà en pleine renaissance.

Les théories profondément creuses des docteurs allemands se déroulent pesamment en d’énormes volumes, en de longues dissertations où brille avec le pédantisme professoral la faculté maîtresse d’ennuyer et d’endormir le lecteur. On associe tant bien que mal Hegel et Spinoza ; on applique l’algèbre à la littérature, et par des procédés géométriques et très-puérils au fond, on prétend illuminer l’obscur domaine de la philosophie de l’histoire.

Une sibylle nous annonce solennellement qu’il faut à toute force expliquer, comprendre Goethe, et allumer notre flambeau à ce grand luminaire. Hors de là, point de salut ; le monde est condamné aux ténèbres. C’est en interprétant le panthéisme ou le naturisme inintelligible de Goethe et les impénétrables allégories de Dante, c’est en associant ces deux noms qu’on prétend nous éclairer et nous ouvrir de vastes horizons.

Ces prophètes de l’avenir veulent tout changer : la société, la littérature, la religion. Et en attendant que tout cela se transforme et se renouvelle, ils parlent une langue