Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XCIX

superflu de prolonger la comparaison. Remarquons seulement que parmi les intelligences qui méditent et produisent, les médecins de fous trouvent aisément des exemples pour justifier leurs théories sur l’aliénation reconnaissant pour cause le génie. Ces hardis théoriciens finiront par nous mettre sur la voie de l’interprétation véritable du fameux passage de Pline : Morbus est per sapientiam mori. À dire vrai, on ne meurt point de cet étrange mal ; mais ce mal est incurable. Ainsi de la plupart des névroses.

Pour revenir au point de départ, qui ne connaît ou n’a connu dans le monde des lettres quelqu’un de ces raisonneurs maniaques, fatalement rivés à la logique de l’absurde ? Qui n’a pas présents à la mémoire les exemples et les tentatives de ces novateurs proclamant les droits littéraires du désordre, les priviléges du laid et du faux, prêchant la libre production intellectuelle et les franchises absolues de l’esprit comme les philanthropes et les économistes prêchent les libertés civiles et politiques, ou le libre échange ? Mais qu’est-il besoin d’invoquer les souvenirs ? Le présent nous dispense de recourir au passé, et il n’est que trop facile de suivre aujourd’hui les progrès de cette manie chronique qui touche déjà aux confins extrêmes de la démence. Après les exemples, voici le dogme et toute une poétique extravagante, et un nouveau code littéraire à l’usage de ceux qui en ont assez de la tradition et des auto-