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L’ÉPOUVANTE

va-et-vient monotone les faces des deux rôdeurs et de la femme, le visage exsangue de l’assassiné, et surtout la main sanglante aux doigts énormes dont il avait lavé la trace sur le mur.

Il faisait grand jour quand la voiture s’arrêta. Onésime Coche descendit le boulevard Lannes à pas lents. Une à une, les maisons s’éveillaient. Entre les volets brusquement ouverts et qui tapaient les murs, des formes apparaissaient, des visages encore lourds de sommeil. Sur la chaussée, très peu de monde. Une voiture d’épicier stationnait devant une porte. Un garçon boucher, son panier sous le bras, marchait en sifflotant. Un facteur sonnait à la grille d’un petit hôtel. Coche regarda le numéro de la maison et lut 17. Le boulevard était si différent le jour de ce qu’il était la nuit, qu’il était arrivé tout près de la maison du crime sans s’en apercevoir.

La journée s’annonçait froide, mais très belle. Derrière de petits nuages le soleil montait doucement à l’horizon, et mettait sur le sol très blanc, le long des murs chargés de lierre, sur les maisons aux toits pointus, une lumière jeune de printemps. Il ne restait plus rien des ombres de