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L’ÉPOUVANTE

tard de sa terreur superstitieuse, et il se rendait compte maintenant de l’espèce de folie contre laquelle il s’était débattu pendant trois mois, il se rendait compte surtout que rien ne pouvait plus le sauver qu’un miracle, et la fatalité venait d’abattre trop brutalement ses mains sur sa nuque pour qu’il escomptât ce miracle. Il connaissait enfin l’horreur des épouvantes humaines, la peur monstrueuse, et l’appel effroyable à la vie qui s’en va. Ses yeux, ses pauvres yeux de bête torturée se posaient sur ces gens qui tout à l’heure allaient revoir la rue, la gaîté de l’air libre et retrouver la joie de la bonne maison, du foyer familial où l’homme sage vient abriter ses rêves, comme le matelot vient abriter sa barque dans la petite baie où dansent les étoiles. Et tandis que ces visions traversaient son âme éperdue, une voix s’éleva qui fut d’abord à ses oreilles un murmure confus, puis un tonnerre quand elle prononça : « Onésime Coche est condamné à la peine de mort. »

Après il entendit encore vaguement…

« Trois jours francs pour vous pourvoir en cassation… »