Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
L’ÉPOUVANTE

— S’il y avait quelqu’un derrière, si une main venait s’abattre sur lui ?

Le souvenir de son innocence n’effleurait même plus sa pensée. Une seule chose y demeurait : son arrestation probable, certaine !…

À bien y réfléchir, il pouvait, au risque de passer pour un fantoche, avouer la vérité. Tout au plus, risquait-il quelques jours de prison avec sursis, ou simplement une admonestation un peu sévère et humiliante… Mais, cela même, il ne le pouvait plus. Il était hypnotisé, fasciné, par cette idée fixe : je vais être arrêté.

Et cette pensée, qui l’effrayait cependant, l’attirait, l’amenait à elle avec une puissance obscure et formidable, effrayante, comme le gouffre sur qui se penche le voyageur, tentatrice comme l’appel voluptueux des sirènes qui, la nuit, dans les détroits sonores, entraînaient les marins vers l’abîme.

Il sortit enfin. Personne ne fit attention à lui. Seul, l’employé, derrière son guichet, lui dit :

— Il y a deux communications.

— Ah ! bien, fit Coche.

Et il donna un second ticket sans faire obser-