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L’ÉPOUVANTE

saire parler bas en le regardant de côté, convaincu qu’il s’était trahi par sa sortie maladroite et son insistance à donner des détails que personne ne lui demandait, il pensa :

— Déjà !… je ne suis qu’un maladroit !

En traversant la chambre, ses yeux se portèrent sur la glace. Son visage s’y reflétait à la place où il l’avait vu la veille ; il lui sembla qu’il était bien plus pâle, qu’un cercle plus foncé se creusait au-dessous de ses yeux, qu’un rictus plus sinistre tordait sa bouche, et que sa face, enfin, était pareille à celle des condamnés à mort que le bourreau traîne sous le couteau.

Il ferma les yeux pour ne plus se voir, et sortit de la chambre les épaules serrées, les jambes raides, claquant des dents.

Il ne reprit son sang-froid que dans la rue. L’air frais qui lui fouettait le visage dissipa l’affreuse vision. Il sourit de sa terreur, et, assis dans le fiacre, s’écria :

— Décidément, j’ai perdu l’entraînement. Pardonnez-moi… J’ai été lamentable… au-dessous de tout…

— Peuh… manque d’habitude…