Page:Level - L’Épouvante, 1908.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
L’ÉPOUVANTE

dans le gazon, un peu plus sombre au milieu de la gelée blanche. Le soleil l’a quelque peu abîmée ; tout à l’heure, elle était d’une netteté remarquable.

— Rentrons, fit vivement le Commissaire.

Coche, cette fois, le suivit. Quand il posa son pied sur le sable de l’allée, il éprouva une sensation indéfinissable d’orgueil et de peur. Machinalement il regarda l’empreinte et ses pieds. La trace allongée, étroite, ne ressemblait guère à celle que ses gros souliers américains venaient de faire sur le sol (il avait adopté pour le travail les chaussures à bout arrondi, à semelle débordante, mais ne portait, le soir, que des souliers très fins, étant fier de son pied cambré et délicat).

Penché sur le gazon, le Commissaire examinait cette empreinte. Le soleil maintenant haut dans le ciel avait crevé les nuages gris. De petits rayons de lumière doraient par place la couche mince de givre. L’un d’eux tomba directement sur l’empreinte.

— Un centimètre, un crayon, vite, fit le Commissaire, en tendant la main sans se retourner.