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DEUXIÈME PARTIE

capable de faire pour la détruire : et je lui souhaiterois la félicité d’être aimée de vous, si je pensois que cet amour vous rendît plus heureux que vous ne l’êtes. Oui, je sens bien que j’aime tant votre joie, je me trouve si heureuse quand je vous vois content, que s’il falloit immoler tout le plaisir de ma vie à un instant du vôtre, je le ferois sans balancer. Pourquoi n’êtes-vous pas comme cela pour moi ? Ah ! que si vous m’aimiez autant que je vous aime, que nous aurions de bonheur l’un et l’autre ! Votre félicité feroit la mienne, et la vôtre en seroit bien plus parfaite. Aucune personne sur la terre n’a tant d’amour dans le cœur que j’en ai ; nulle ne connoît si bien ce que vous valez ; et vous me ferez mourir de pitié, si vous êtes capable de vous attacher à quelque autre, après avoir été accoutumé à mes manières d’aimer : croyez-moi, mon cher, vous ne sauriez être heureux qu’avec moi. Je connois les autres femmes par moi-même, et je sens bien que l’amour n’a fait naître que moi sur la terre pour vous. De quoi deviendroit toute votre délicatesse, si elle ne trouvoit plus mon cœur pour y répondre ? ces regards si éloquens et si bien