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LETTRES PORTUGAISES

faire soutenir une si longue conversation. Je ne trouvai point vos François nouveaux arrivés si agréables, j’en fus obsédée tout le soir, ils me dirent tout ce qu’ils purent imaginer de plus joli, et je voyois bien qu’ils l’affectoient ; mais ils ne me divertirent point, et je crois que ce sont leurs discours qui m’ont causé la migraine effroyable que j’ai eue toute la nuit. Vous ne le sauriez point si je ne vous l’apprenois. Vos gens sont occupés sans doute à aller savoir comme cette heureuse Françoise se trouve de la fatigue d’hier au soir ; car vous la fîtes assez danser pour la faire malade. Mais qu’a-t-elle de si charmant ? la croyez-vous plus tendre et plus fidèle qu’une autre ? lui avez-vous trouvé une inclination plus prompte à vous vouloir du bien que celle que je vous ai fait paroître ? Non sans doute, cela ne se peut pas ; vous savez bien que, pour vous avoir vu passer seulement, je perdis tout le repos de ma vie, et que, sans m’arrêter à mon sexe et à ma naissance, je courus la première aux occasions de vous voir ne seconde fois. Si elle en a fait davantage, elle est à votre lever ce matin, et le petit Durino la trouvera sans doute assise auprès de votre