ment et dans une idolâtrie qui me donne de l’horreur, et mon remords me persécute avec une rigueur insupportable. Je sens vivement la honte des crimes que vous m’avez fait commettre, et je n’ai plus, hélas ! la passion qui m’empêchoit d’en connoître l’énormité. Quand est-ce que mon cœur ne sera plus déchiré ? Quand est-ce que je serai délivrée de cet embarras, cruel ? Cependant je crois que je ne vous souhaite point de mal, et que je me résoudrois à consentir que vous fussiez heureux ; mais comment pourrez-vous l’être, si vous avez le cœur bien fait ? Je veux vous écrire une autre lettre, pour vous faire voir que je serai peut-être plus tranquille dans quelque temps. Que j’aurai de plaisir de pouvoir vous reprocher vos procédés injustes, après que je n’en serai plus si vivement touchée ; et lorsque je vous ferai connoître que je vous méprise, que je parle avec beaucoup d’indifférence de votre trahison, que j’ai oublié tous mes plaisirs et toutes mes douleurs, et que je ne me souviens de vous que lorsque je veux m’en souvenir ! Je demeure d’accord que vous avez de grands avantages sur moi, et que vous m’avez donné une passion qui m’a fait perdre la
Page:Lettres portugaises, éd. Piedagnel, 1876.djvu/65
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
PREMIÈRE PARTIE