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LETTRES PORTUGAISES

core assez folle pour être au désespoir de ne pouvoir me flatter qu’elles ne soient pas venues jusques à vous, et qu’on ne vous les ait pas rendues. Je déteste votre bonne foi. Vous avois-je prié de me mander sincèrement la vérité ? Que ne me laissiez-vous ma passion ? Vous n’aviez qu’à ne me point écrire ; je ne cherchois pas à être éclaircie. Ne suis-je pas bien malheureuse de n’avoir pu vous obliger à prendre quelque soin de me tromper, et de n’être plus en état de vous excuser ? Sachez que je m’aperçois que vous êtes indigne de tous mes sentiments, et que je connais toutes vos méchantes qualités. Cependant (si tout ce que j’ai fait pour vous peut mériter que vous ayez quelques petits égards pour les grâces que je vous demande) je vous conjure de ne m’écrire plus, et de m’aider à vous oublier entièrement. Si vous me témoigniez, foiblement même, que vous avez eu quelque peine en lisant cette lettre, je vous croirois peut-être ; et peut-être aussi votre aveu et votre consentement me donneroient du dépit et de la colère, et tout cela pourroit m’enflammer. Ne vous mêlez donc point de ma conduite, vous renverseriez sans doute tous mes projets, de quelque manière que vous