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LETTRES PORTUGAISES

dévouée à ce qui vous touche ; je ne me suis laissé aucune disposition de moi-même. Il y a des moments où il me semble que j’aurois assez de soumission pour servir celle que vous aimez. Vos mauvais traitements et vos mépris m’ont tellement abattue, que je n’ose quelquefois penser seulement qu’il me semble que je pourrois être jalouse sans vous déplaire, et que je crois avoir le plus grand tort du monde de vous faire des reproches. Je suis souvent convaincue que je ne dois point vous faire voir avec fureur, comme je fais, des sentiments que vous désavouez. Il y a longtemps qu’un officier attend votre ettre : j’avois résolu de l’écrire d’une manière à vous la faire recevoir sans dégoût, mais elle est trop extravagante, il la faut finir. Hélas ! il n’est pas en mon pouvoir de m’y résoudre ; il me semble que je vous parle quand je vous écris, et que vous m’êtes un peu plus présent. La première ne sera pas si longue ni si importune ; vous pourrez l’ouvrir et la lire sur l’assurance que je vous donne. Il est vrai que je ne dois point vous parler d’une passion qui vous déplaît, et je ne vous en parlerai plus. Il y aura un an dans peu de jours que je m’abandonnai toute à vous, sans