des prétextes, que vous avez trouvés de retourner en France. Un vaisseau partoit. Que ne le laissiez-vous partir ? Votre famille vous avoit écrit. Ne savez-vous pas toutes les persécutions que j’ai souffertes de la mienne ? Votre honneur vous engageoit à m’abandonner. Ai-je pris quelque soin du mien ? Vous étiez obligé d’aller servir votre Roi. Si tout ce qu’on dit de lui est vrai, il n’a aucun besoin de votre secours, et il vous auroit excusé. J’eusse été trop heureuse si nous avions passé notre vie ensemble ; mais puisqu’il falloit qu’une absence cruelle nous séparât, il me semble que je dois être bien aise de n’avoir pas été infidèle, et je ne voudrois pas, pour toutes les choses du monde, avoir commis une action si noire. Quoi ! vous avez connu le fond de mon cœur et de ma tendresse, et vous avez pu vous résoudre à me laisser pour jamais et à m’exposer aux frayeurs que je dois avoir que vous ne vous souvenez plus de moi que pour me sacrifier à une nouvelle passion ! Je vois bien que je vous aime, comme une folle : cependant je ne me plains point de toute la violence des mouvements de mon cœur ; je m’accoutume à ses persécutions, et je ne pourrois
Page:Lettres portugaises, éd. Piedagnel, 1876.djvu/46
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
LETTRES PORTUGAISES