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LETTRE II



Il me semble que je fais le plus grand tort du monde aux sentimens de mon cœur, de tâcher de vous les faire connoître en vous les écrivant. Que je serois heureuse si vous en pouviez bien juger par la violence des vôtres ! mais je ne dois pas m’en rapporter à vous, et je ne puis m’empêcher de vous dire, bien moins vivement que je ne le sens, que vous ne devriez pas me maltraiter, comme vous faites, par un oubli qui me met au désespoir, et qui est même honteux pour vous. Il est bien juste, au moins, que vous souffriez que je me plaigne des malheurs que j’avois bien prévus quand je vous vis résolu de me quitter. Je connois bien que je me suis abusée, lorsque j’ai pensé que vous auriez un