Page:Lettres portugaises, éd. Piedagnel, 1876.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en état de penser à ma vengeance, et j’accuse seulement la rigueur de mon destin. Il me semble qu’en nous séparant, il nous a fait tout le mal que nous pouvions craindre. Il ne sauroit séparer nos cœurs : l’amour qui est plus puissant que lui les a unis pour toute notre vie. Si vous prenez quelque intérêt à la mienne, écrivez-moi souvent. Je mérite bien que vous preniez quelque soin de m’apprendre l’état de votre cœur et de votre fortune. Surtout venez me voir. Adieu, je ne puis quitter ce papier ; il tombera entre vos mains ; je voudrois bien avoir le même bonheur. Hélas ! insensée que je suis ! je m’aperçois que cela n’est pas possible. Adieu, je n’en puis plus. Adieu, aimez-moi toujours, et faites-moi souffrir encore plus de maux.