plus de trois heures abandonnée de tous mes sens. Je me défendis de revenir à une vie que je dois perdre pour vous, puisque je ne puis la conserver pour vous. Je revis enfin, malgré moi, la lumière ; je me flattois de sentir que je mourois d’amour ; et d’ailleurs j’étois bien aise de n’être plus exposée à voir mon cœur déchiré par la douleur de votre absence. Après ces accidens, j’ai eu beaucoup de différentes indispositions ; mais puis-je jamais être sans maux tant que je ne vous verrai pas ? Je les supporte cependant sans murmurer, puisqu’ils viennent de vous. Quoi ? est-ce là la récompense, que vous me donnez pour vous avoir si tendrement aimé ? Mais il n’importe, je suis résolue à vous adorer toute ma vie, et à ne voir jamais personne ; et je vous assure que vous ferez bien aussi de n’aimer personne. Pourriez-vous être content d’une passion moins ardente que la mienne ? Vous trouverez peut-être plus de beauté (vous m’avez pourtant dit autrefois que j’étois assez belle), mais vous ne trouverez jamais tant d’amour, et tout le reste n’est rien. Ne remplissez plus vos lettres de choses inutiles, et ne m’écrivez plus de me souvenir de vous. Je ne
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LETTRES PORTUGAISES