Page:Lettres portugaises, éd. Piedagnel, 1876.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croyons-nous, raison de penser qu’elle l’aperçut sans doute à l’occasion d’une sorte de revue ou d’entrée triomphale, à Beja, des troupes franco-portugaises.

Quoi qu’il en soit, M. de Chamilly, ayant de son côté remarqué la charmante religieuse, pénétra dans le couvent à plusieurs reprises ; il sut se faire écouter de l’infortunée Marianna, qui, jusqu’à sa dernière heure, chercha vainement à maudire le brillant officier dont l’abandon, si brusque et si complet, avait brisé son cœur trop confiant.

Ajoutons que le marquis de Chamilly épousa, en 1677, la fille de Jean-Jacques du Bouchet, seigneur de Villefix, — sans se préoccuper le moins du monde de la religieuse de Beja ; — et qu’il devint, en 1703, maréchal de France, « en récompense de ses glorieux services ».


Il n’y a là rien, après tout, de bien neuf ni de fort original ! — Un officier, élégant et noble, a occupé ses loisirs, dans une petite ville, à séduire une jeune fille crédule et d’une rare beauté. Puis, s’étant empressé d’oublier ses serments, dès son