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vue d’une publication. Oh, non ! ces élans, ces tristesses, ces aveux, ces plaintes amères, n’ont rien d’apprêté. Ce sont les cris d’une âme loyale et tendre, et le lecteur s’intéresse bien vite à tant d’amour mêlé a tant de désespoirs !

Quelques lignes suffiront pour résumer le drame intime qui a donné lieu aux Lettres portugaises.

En 1661, Noël Bouton de Chamilly, comte de Saint-Léger (plus tard marquis de Chamilly), prit du service en Portugal. Il était alors âgé de vingt-cinq ans[1]. — À la même époque, un couvent de la ville de Beja, dans la province d’Alentéjo, abritait la religieuse franciscaine dont le jeune capitaine français devait, hélas ! troubler si profondément la vie.

Notre héroïne, qui appartenait à l’une des meilleures familles du pays, a raconté elle-même que ce fut du haut d’un balcon de son couvent qu’elle vit pour la première fois M. de Chamilly, et un critique très-érudit, M. Eugène Asse, a eu,

  1. Né le 6 avril 1636, il mourut le 8 janvier 1715.