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que son charme ne peut s’empêcher de dire que tout cela a été bon, puisque les Lettres de la Religieuse portugaise en devaient naître[1]. »


Cette guerre, qui dura jusqu’en 1668, et dans laquelle triompha le Portugal, est, en effet, bien oubliée ! Les Lettres portugaises, au contraire, ont eu depuis lors vingt éditions, et leur grand succès ne semble point épuisé. Évidemment, cela tient surtout à l’accent de sincérité de l’auteur. La pauvre religieuse de Beja a peint avec tant de chaleur, avec une émotion si communicative, l’état de son cœur blessé, ses défaillances, ses espoirs éphémères, sa passion persistante, ses déceptions nombreuses et si cruelles, ses colères si légitimes, que l’on relit volontiers une correspondance dont les pages, ardentes et touchantes à la fois, restent jeunes parce qu’elles sont absolument vraies.

Ce qui augmente encore le charme des lettres de Marianna Alcaforado, c’est que l’on reconnaît sans peine qu’elles ne furent pas écrites en

  1. Sainte-Beuve, Notice sur Mlle Aïssé.