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DEUXIÈME PARTIE

plaisir de vous écrire, et vous partagez celui de me voir. Mais quoi ? je ne puis avoir l’un qu’avec des ménagemens de bienséance, et j’ai l’autre quand il me plaît. Présentement que tous les gens de notre maison reposent et se croient peut-être heureux de bien reposer, je jouis d’un bonheur que le repos le plus profond ne sauroit me donner. Je vous écris ; mon cœur vous parle comme si vous deviez lui répondre ; il vous immole ses veilles avec son impatience. Ah ! qu’on est heureux quand on aime parfaitement ! et que je plains ceux qui languissent dans l’oisiveté qui naît de la liberté ! Bonjour, mon cher ! Le jour commence àparoître ; il auroitparu bien plus tôt qu’à l’ordinaire s’il avoit consulté mon impatience : mais il n’est pas amoureux comme nous ; il faut lui pardonner sa lenteur, et tâcher à la tromper par quelques heures de sommeil, afin de la trouver moins insupportable.