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heureux destin me refuse-t-il un canon ? Avec quelle avidité je le saisirais ! qu’avec plaisir je le placerais dans mon embouchure !

Comme sœur Marianne ne connaissait pas encore l’usage des god…, il me vint dans l’esprit, de lui en faire voir un, et de lui faire goûter un bonheur auquel elle ne s’attendait peut-être pas.

Je l’aimais trop, d’ailleurs, pour la priver d’un secours imaginaire, qui, sans avoir rien de la réalité qu’on lui prête, ne laisse pas néanmoins que d’être utile, et de servir au besoin.

Hé bien ! puisque tu soupires après un canon, dis-je à sœur Marianne, tiens en voilà un, rassasie toi.

Ah ! c’est donc là, s’écria-t-elle, toute émerveillée, l’instrument agréable auquel tu donnais le nom singulier de hallebarde masculine ? Vraîment, il est assez drôle ; il me paraît que tu entends assez bien la lésine. Voyons, que j’essaie de te parodier.